Des « bienfaits » de la crise !

16 janvier 2021

Vœux de Noël du Pape François à la curie romaine - extraits 2

Ne pas confondre crise et conflit

Enfin, le Pape a voulu exhorter à ne pas confondre la crise avec le conflit. « La crise a généralement une issue positive alors que le conflit crée toujours une contradiction, une compétition, un antagonisme », a relevé le Souverain pontife, précisant sa pensée : « La logique du conflit cherche toujours les “coupables” à stigmatiser et à mépriser et les “justes” à justifier pour introduire la conscience –très souvent magique– que telle ou telle situation ne nous appartient pas. Cette perte de sens d’une appartenance commune favorise le développement où l’affirmation de certaines attitudes à caractère élitiste et de “groupes clos” qui promeuvent des logiques limitatives et partielles, qui appauvrissent l’universalité de notre mission », a déploré le Pape. 

L’Église est un corps toujours en crise

De ce fait, lire l’Église selon les catégories du conflit – droite et gauche, progressistes et traditionalistes – fragmente, polarise, pervertit et trahit sa véritable nature, a estimé François, car l’Église est « un corps toujours en crise » justement parce qu’il est vivant, mais elle ne doit jamais devenir un corps en conflit avec des vainqueurs et des vaincus. « Car, de cette manière, elle répandra la crainte, elle deviendra plus rigide, moins synodale et imposera une logique uniforme et uniformisante, bien loin de la richesse et de la diversité que l’Esprit a donné à son Église », a prévenu le Saint-Père, développant le caractère fécond et non disruptif des nouveautés introduites par la crise : « Une nouveauté qui germe de l’ancien et le rend toujours fécond. L’acte de mourir de la semence est un acte ambivalent parce qu’il marque en même temps la fin de quelque chose et le début de quelque chose d’autre. Nous appelons le même moment mort-pourrir et naissance-germer car ils sont une même chose : nous voyons sous nos yeux une fin et, en même temps, dans cette fin se manifeste un nouveau commencement ».

Se défendre de la crise, c’est faire obstacle à Dieu

« En ce sens, toutes les résistances que nous mettons à entrer dans la crise, en refusant de nous laisser conduire par l’Esprit durant le temps d’épreuve, nous condamnent à rester seuls et stériles. En nous défendant de la crise, nous faisons obstacle à l’œuvre de la grâce de Dieu qui veut se manifester en nous et à travers nous », a souligné l’évêque de Rome, ajoutant que « tout le mal, le contradictoire, le faible et le fragile qui se manifestent ouvertement nous rappellent avec encore plus de force la nécessité de mourir à une manière d’être, de réfléchir et d’agir qui ne reflète pas l’Evangile. Derrière toute crise se trouve toujours une juste exigence de mise à jour pour laquelle nous devons avoir une disponibilité tous azimuts »

Selon le Pape François, pendant le temps de la crise, l’attitude juste, est donc celle du « scribe devenu disciple du royaume des Cieux, comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien » (Mt 13, 52). Le trésor c’est la Tradition qui, comme le rappelait Benoît XVI, « est le fleuve vivant qui nous relie aux origines, le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes. Le grand fleuve qui nous conduit au port de l’éternité » (Catéchèse, 26 avril 2006). Vaticanews.