Carème - Bol de riz général

24 mars 2019

Notre thème de carème : la libération des esclaves

Sainte Bakhita

Ce témoignage à visionner d’un religieux trinitaire qui évoque pour nous la vie de Sainte Bakhita http://www.ktotv.com/video/00101888/8e-nuit-des-temoins à la minute 1:34.

Mardi 26 mars à 20h30 une soirée pour mieux connaitre BAKHITA

Mercredi 3 avril à partir de 19h à Seguin avec spectacle des enfants et des jeunes sur Sainte Bakhita.

Libération des esclaves

Lors des actions d’affranchissement, les libérateurs sont extrêmement sollicités. Leurs talents de négociateurs et leur détermination sont les clefs d’une libération réussie. Voici un aperçu de leur travail. Comment les libérateurs d’esclaves apprennent-ils où se trouvent des esclaves sud-soudanais ? Le libérateur Saleh (nom fictif) nous explique : « Au Soudan, nous avons un comité qui essaie de localiser les esclaves. » 1. La solution « normale » Lors d’une libération « normale », le libérateur d’esclave commence par prendre contact avec les cheiks locaux (chefs de villages) pour s’assurer de leur soutien. Il se rend ensuite dans la maison du maître. « Nous concluons un accord avec lui en lui offrant des vaccins pour son bétail comme contrepartie à la libération de ses esclaves. » Ensuite, les libérateurs rassemblent les esclaves affranchis en petits groupes et les emmènent vers un point de rassemblement général depuis lequel est organisé le rapatriement vers le Soudan du Sud. (…). Dans certains cas, le comité des libérateurs d’esclaves fait appel aux cheiks pour négocier avec les maîtres récalcitrants. « Parfois, nous devons leur donner le double de vaccins afin qu’ils relâchent leurs esclaves. Et il arrive que les cheiks doivent avoir recours à la force », déclare Saleh en mentionnant des cas extrêmes. Exemple | Ken Akok Akooh est asservi en 1998. Pour chaque bagatelle, le maître et ses enfants l’insultent, l’humilient et le maltraitent. Mais Ken n’ose pas s’enfuir, car il a vu de ses propres yeux l’assassinat de plusieurs esclaves qui ont manqué leur évasion. « Ça m’a tellement intimidé que je préférais ne pas essayer. » De plus, le fait d’agir seul serait très dangereux : même s’il réussissait à s’enfuir, à qui pourrait-il s’adresser ? Comme esclave sud-soudanais, il est très difficile de trouver un soutien au Soudan. Sa libération ne se déroule pas sans problèmes. Ce n’est qu’après deux visites d’un libérateur d’esclaves en l’espace de quelques jours que son maître consent à son départ contre une bonne quantité de vaccins pour le bétail. 2. La rencontre hors du domaine du maître Il arrive assez souvent que les libérateurs rencontrent des esclaves au marché. Selon le responsable CSI pour le Soudan du Sud Franco Majok, de nombreux esclaves peuvent aller seuls au marché pour acheter des aliments et d’autres marchandises pour la famille de leur maître. Dans ce cas, le libérateur emmène l’esclave directement dans son camp avec les autres esclaves libérés, sans même prendre contact avec le maître. Exemple | Ajak Deng Diing est régulièrement apostrophée et insultée par l’épouse de son maître. Elle est aussi forcée de se convertir à l’islam et d’être excisée. C’est en faisant des courses au marché du village voisin fin janvier 2018 qu’elle rencontre un libérateur d’esclaves accompagné de son équipe. Le libérateur lui explique qu’il veut ramener des personnes asservies au Soudan du Sud. Elle n’hésite pas un instant et l’accompagne. Après un séjour dans un camp avec de nombreux autres esclaves libérés, tout le groupe est finalement rapatrié au Soudan du Sud en février 2018.Parfois, le libérateur rencontre les esclaves sur leur lieu de travail et les aide à s’enfuir, ce qui est plus risqué. 3. La fuite La solution la plus osée est la fuite pure et simple. Saleh rappelle que le danger est énorme, surtout si l’esclave est en bonne santé. Exemple | Ajok Avac Buk parvient à s’enfuir après plusieurs années durant lesquelles elle a beau faire le maximum, son maître soudanais l’humilie, la bat et la viole. « J’ai également dû me convertir de force à l’islam et j’ai dû subir l’horreur de l’excision. » Dans son désespoir, Ajok pense souvent à la fuite, mais où peut-elle se rendre ? Elle n’est qu’une Sud-Soudanaise appartenant à une ethnie dont les membres sont traités comme des êtres sans droits, n’ayant ni la même culture ni la même religion que les Soudanais. Quelle joie pour elle lorsqu’Ajok entend la rumeur : un libérateur d’esclaves se trouve dans la région et il fait tout pour ramener les Dinka au Sud. « Cette nuit-là, j’ai attendu le moment opportun et j’ai pris la fuite. J’avais une peur bleue que mon maître me rattrape. » Ajok est consciente des terribles conséquences qui l’attendent si sa fuite échoue. « Heureusement, j’ai rapidement trouvé le libérateur dans le village voisin. Il m’a aussitôt emmené vers son camp où j’ai rencontré d’autres Dinka libérés. Avec notre libérateur, nous avons ensuite marché pendant plusieurs jours et plusieurs nuits jusqu’au pays des Dinka. » L’exemple d’Ajok montre aussi que les esclaves ne fuient que lorsqu’ils savent qu’un libérateur se trouve à proximité. « Une tentative de fuite non organisée est trop dangereuse et le fugitif risque sa vie », explique Franco Majok. …/…
Pourquoi Ajok a-t-elle été immédiatement emmenée dans le camp après avoir rencontré le libérateur et pourquoi le retour s’est-il organisé aussi rapidement ? Saleh nous explique le problème : « Surtout lorsqu’il s’agit d’esclaves en bonne santé, leurs maîtres les recherchent et tentent de nous les arracher de force. C’est pourquoi j’essaie de ramener aussi vite que possible les esclaves fugitifs vers le Sud. » La libération et le rapatriement des Sud-Soudanais asservis reste une entreprise ardue et parfois dangereuse. Grâce au réseau mis en place par CSI, le travail peut et va continuer. Selon une estimation approximative, il y aurait encore plus de 20000 esclaves au Soudan. Reto Baliarda