Éloge de la fragilité

2 mai 2020

Un virus apparaît et soudain voici l’humanité à l’arrêt.

Le virus nous regarde, invisible, et nous sommes nus devant lui, soudain démasqués, vulnérables.

L’imprévisible, l’inattendu sont toujours là mais il faut toujours ajouter : l’inespéré. Cependant il y a du durable et de l’irréversible, donc de l’inoubliable, de l’historique.

Merci pour nos hommes de science, tous ceux qui travaillent dans l’ombre sans toucher l’argent de ceux qui tapent dans un ballon, sport louable, mais à ce prix ?

Merci pour toutes ces blouses blanches qui sortent soudain de l’ombre, méconnues, mal payées, et qui ont su montrer leur dévouement de faire quelque chose d’utile et d’indispensable.

Le confinement, peut nous faire comprendre ce que vit un prisonnier dans sa cellule, mais combien d’autres enfermements, ceux du cœur, de l’esprit, du groupe…

Sans doute, ce que nous vivons, révèle particulièrement aujourd’hui la fragilité des humains, mais aussi leur capacité d’agir en partenaire de la nature mieux connue et respectée.

Merci pour tous ces réseaux (TV, KTO, youtube, internet, téléphone) qui ont permis d’être moins isolés, présence de proximité mais non réelle.

Les hommes, les animaux, la nature, tous sont vulnérables.

Cette vulnérabilité est source de solidarité, de fraternité retrouvée, de prière personnelle.

Demandons l’intelligence des scientifiques, la sagesse des décideurs, et quant à nous, toujours se dire :

« je suis là pour faire ce qui dépend de moi », avec le sourire, même sous le masque.

Quoi de plus vulnérable que le visage d’autrui même masqué qui nous invite à envisager notre devoir envers lui.

Fragilité du roseau qui plie sans se rompre et se redresse soudain. Alors, un petit oiseau vient un instant se poser sur lui pour s’envoler dans le ciel de l’espérance.

Alors, ces mots inoubliables de Blaise Pascal ce grand penseur chrétien (1623-1662)

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme ne serait-il pas plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. »

J’ajouterai si j’ose dire, toute dignité, c’est se savoir aimé de Dieu, Lui le Tout-Puissant d’amour Vulnérable Volontaire, qui nous communique une invincible Espérance.

Père François-Marie FEVE

Pour donner suite à cet édito que le Père François-Marie nous offre, et que je remercie, je voudrais vous partager une conviction. Cet extrême fragilité et vulnérabilité, Jésus l’a connu dans son abaissement à la crèche, à la croix et dans l’Eucharistie. Il s’est rendu vulnérable afin de rejoindre notre vulnérabilité. Les 7 sacrements sont les signes tangibles de cette tendresse de Dieu, de cette caresse, de ce souffle de Vie. Le « 8e sacrement » est bien sur le sacrement du frère par qui tout passe. Aussi pour nous rejoindre dans nos vulnérabilités, l’Eglise, la communauté, chaque baptisé, comme épouse et mère, souhaite nourrir, soigner, laver, éclairer, faire grandir, donner de l’autonomie afin d’arriver à la taille adulte, à maturité. Ne pas pouvoir donner ses soins succitent bien des tourments ! De ce fait, certaines prises de paroles expriment parfois maladroitement ce soucis. Patientons et agissons autrement… en respectant les limites imposés par l’état.

Père Charles-Bernard SAVOLDELLI