Au fondement de notre foi

20 novembre 2022

Nous sommes assurément marqués par nos habitudes, pratiques et coutumes familiales dans notre foi, rythmées par les baptêmes, communions, mariages et funérailles. La vie de notre société garde l’heureuse trace de la foi chrétienne par les fêtes, les vacances, son organisation, les mentalités. Et plus qu’une trace, qui ne serait qu’un souvenir, nous constatons combien cela forme, informe notre vie et lui donne de l’éclat. Notre culture, alors que les sources peuvent être légitimement diverses et riches, unit tout cela dans le génie propre du christianisme qui se manifeste avec éclat en bien des œuvres : églises et monastères, peintures et sculptures, musique et chant. Au fond, nous pourrions nous habituer aux réalités les plus hautes, les plus belles et les plus grandes, et finir par ignorer, voire négliger ou mépriser ce qui en est la source vive.

Le fondement de notre foi se manifeste et se montre en tout cela, sans pour autant s’y réduire. Tout oriente notre regard et notre cœur vers une réalité qui est plus grande et nous dépasse. Cette réalité nous dépasse, parce qu’elle était là avant nous et demeurera après nous ; elle nous dépasse, parce que nous la recevons comme un don, gratuitement, sans mérite ou effort de notre part ; elle nous dépasse, parce qu’elle ne se limite pas à ce que nous pouvons en voir, en percevoir, en comprendre ; elle nous dépasse parce que nous n’en sommes ni les créateurs, ni les propriétaires, mais que nous en sommes dépositaires et que notre devoir est non-seulement de la transmettre, mais avant cela, de nous l’approprier et de l’enrichir ; elle nous dépasse, parce qu’au-delà du temps qui passe, et ce que nos sens peuvent percevoir, elle ouvre notre intelligence à des réalités que seul le cœur peut voir et comprendre ; elle nous dépasse, parce qu’elle ne dépend pas de nos forces et puissances à mesure humaine : connaissance, pouvoir, argent…

Le fondement de notre foi n’est pas une somme de connaissances ou de croyances, ni un pouvoir humain de contrainte et de domination, ni quelque chose qui peut s’acheter, se gagner par la force, se construire et fabriquer avec les mains et la technique.

Tout nous montre, nous désigne, évoque et glorifie Celui qui est à la source, le Christ-Jésus, notre Dieu et Sauveur. Tout au long de notre vie, comme dans le cours et le cycle de la vie de prière de l’Église, dans son histoire même, notre regard est tourné vers le Christ. Ainsi que le dit admirablement saint Paul : « notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel » (II Cor. 4, 18). C’est par Lui, avec Lui et en Lui, que tout prend sa vie, se développe et s’accomplit.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet