Aujourd’hui, tu seras avec moi

30 octobre 2022

Au moment de la crucifixion, Notre Seigneur est entouré de deux autres condamnés ; s’il est apostrophé par l’un d’eux, l’autre lui exprime sa confiance. Tous les trois sont confrontés à la même réalité : la solitude dans la souffrance et l’épreuve qui les conduisent à la mort.

Face à la souffrance et la mort, nous pouvons comprendre l’attitude et la réaction du condamné qui exprime sa colère, son angoisse, sa révolte. Même si l’autre condamné lui dit que leur situation n’est que justice, cela n’enlève rien. Sa réaction est un ultime moyen pour ne pas laisser à la mort le dernier mot, comme un dernier combat. Notre société tente aussi vainement de trouver des moyens plus ou moins justes ou adaptés pour réagir face à la souffrance et la mort. Les manifestations autour d’Halloween en sont un exemple : maquiller, caricaturer, se moquer de la mort est un moyen de s’en défier, mais ne lui enlève aucun pouvoir. Pire encore la tentation pourrait être d’occulter, de masquer, d’ignorer la mort, de faire comme si elle n’existait pas. Le comble étant de chercher et provoquer la mort comme un moyen d’y échapper, où chaque personne, finalement, perd complètement toute sa dignité en pensant la préserver.

J’aime particulièrement la prière de Notre Seigneur sur la Croix « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Il n’est pas anodin que ces paroles aient été conservées en hébreu dans le récit biblique qui nous a été transmis en grec, parce que ce sont les propres paroles de Notre Seigneur, recueillies, conservées et transmises par la Tradition. En outre, ce sont les premiers mots du psaume 21 qui s’achève en action de grâce, en louange et en affirmation de confiance et de foi. Par sa prière, Notre Seigneur n’ignore ni la souffrance ni la mort ; il exprime même toute l’angoisse qu’elles peuvent porter, et la solitude effrayante que chacun de nous peut éprouver. Et cependant, en se tournant vers le Père, il affirme et proclame aussi sa confiance, et déjà, la Victoire est annoncée, plus encore, elle commence à briller. C’est aussi ce que nous faisons lorsque nous accompagnons nos défunts par la prière.

Mais ce qui est encore plus marquant, ce sont les paroles de réconfort de Notre Seigneur à celui que l’on appelle le Bon Larron « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (cf. Luc 23, 43). Or, précisément, le Paradis, c’est être avec Lui. Déjà, ce Bon Larron, a trouvé place non seulement auprès de Dieu, mais dans le cœur de Dieu. Et cela, il l’avait pressenti, compris, désiré. Ses paroles pleines de douceur et de confiance envers Notre Seigneur, en sont le signe. Bien sûr, il souffre et son angoisse est grande face à la mort, mais sa confiance, fondée dans la conviction d’être aimé, d’avoir une place, d’ores-et-déjà, dans le cœur de Dieu, lui est une consolation plus forte, c’est sa victoire. Et c’est bien cette espérance qui est célébrée pour la fête de Toussaints.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet