Dieu veut vraiment le Salut de tous

26 février 2023

Le Salut est, selon la définition d’un théologien, « l’effet, individuel ou collectif, de la rédemption, et plus particulièrement, son effet ultime dans la résurrection ». La rédemption est une libération, du péché et de ses conséquences, qui nous conduit au Salut, ici et maintenant, qui nous ouvre, ultimement, à la résurrection. Le cœur, pour comprendre le Salut et la Rédemption, est de comprendre que le péché fait de nous des esclaves, c’est-à-dire que par le péché nous perdons notre liberté, la pleine maîtrise de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. Saint Paul le dit là de manière suggestive : « le bien que je voudrais, je ne le fais pas ; et le mal que je ne voudrais pas, je le fais » (cf. Rm. 7. 19,20). Le péché est un esclavage d’abord parce qu’il nous éloigne et nous sépare de Dieu. En nous éloignant de Dieu, nous perdons de vue l’évidence, la réalité, la connaissance et la confiance en son amour pour nous. Comme pour Adam et Eve, découvrant leur nudité, eurent peur : du regard l’un de l’autre, alors que Dieu les avait donnés l’un à l’autre, pour leur bien ; peur et honte de ce qu’ils étaient à leurs propres yeux, ne comprenant plus vraiment ce que cela voulait dire d’être créés à l’image et ressemblance de Dieu ; peur de Dieu, et se cachant à son regard, ayant perdu de vue l’évidence, la réalité, la connaissance et la confiance en son amour pour eux. Depuis la Création, dès avant le péché originel, cette amitié avec Dieu est voulue par Lui, et sa volonté de Salut se manifeste tout au long de l’histoire du Salut, en particulier lorsque Dieu libère le peuple Hébreux de l’esclavage de l’Egypte, le faisant passer à pied sec par la Mer-Rouge, et le conduit à prendre possession de la Terre-Promise, figure du Royaume éternel qui doit venir. Au fond, toute l’histoire du Salut, toute la Sainte Ecriture nous montre et fait comprendre cette volonté de Salut de Dieu pour tout homme, qui prépare et annonce la venue du Sauveur, du Messie, du Christ.

C’est à la lumière de la Croix, par le langage de la croix, que nous pouvons comprendre le Salut, que nous pouvons comprendre le péché qui nous réduit en esclavage, que nous pouvons comprendre la volonté de Salut de Dieu pour tout homme. Au jardin des Oliviers, le Seigneur Jésus prie son père : « s’il est possible, éloigne de moi cette coupe, mais non pas ma volonté, mais ta volonté ». La volonté du Père est d’offrir ce sacrifice, en se donnant lui-même par son Fils, établi héritier de toutes choses. Ce que le Père donne, en donnant son Fils, c’est ce qu’il a de plus précieux, lui-même : « qui me voit, voit le Père » affirme Jésus à Philippe, « le père et moi nous sommes uns ». Par amour, dans l’amour, c’est-à-dire en l’Esprit-Saint, le Père donne et se donne par le Fils, avec Lui et en Lui. Le cœur de la Rédemption qui nous ouvre au Salut et à la Résurrection, c’est l’Amour Infini. Ce qui fait la valeur et le prix de ce sacrifice, ce n’est pas d’abord l’intensité, le nombre ou la quantité de souffrances, mais bien l’Infini Amour qui prend, porte et assume le mal et la souffrance qui sont la conséquence du péché. L’Amour infini qui se donne et se manifeste ici, nous fait comprendre le poids et la valeur du péché qui nous rend esclave et dont nous sommes libérés par ce don d’Amour. « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Le Salut est universel, parce que l’Amour qui le donne est infini. « L’amour du Christ nous presse » dit encore saint Paul (2 Cor. 5, 14). Si nous sommes sauvés, si nous avons conscience de la réalité de cet amour qui nous sauve, si peu à peu nous comprenons toujours mieux quel est cet amour qui nous sauve, alors nécessairement, doit jaillir en nous un désir de l’annoncer, d’en témoigner, de le porter au monde et aux hommes. Ce faisant, nous comprendrons toujours plus quel est cet amour. Comme nous le rappelle le pape François, nous devons être des disciples missionnaires. Nous ne sommes pas vraiment disciples, si nous ne sommes pas missionnaires. Nous devons être missionnaires, parce que ce Salut, par l’amour du Christ, nous presse à l’annoncer, à le répandre, à témoigner.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet