Notre cœur n’était-il pas tout brûlant ?

12 février 2023

Les deux disciples d’Emmaüs lorsqu’ils eurent reconnu Notre Seigneur ressuscité à la fraction du pain, prirent alors conscience que leur cœur était tout brûlant lorsqu’en chemin il leur parlait et ouvrait leur cœur à l’intelligence des Ecritures, pour leur expliquer « ce qui le concernait », lui, le Christ. Si les disciples d’Emmaüs ont pu reconnaître le Christ Jésus ressuscité à la Fraction du Pain, c’est aussi, d’abord, parce que leur cœur avait déjà commencé à le reconnaître dans sa Parole.

« Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël », par ces mots, ils exprimèrent avant tout leur attente, leur espérance, fondées et enracinés dans les promesses de Dieu dans la Sainte-Ecriture. Cette espérance n’était ni virtuelle, ni symbolique, et pour réelle qu’elle était, elle demeurait encore un peu théorique. Ils attendaient un sauveur - dont ils s’étaient fait une image et une représentation - mais ils n’étaient pas encore prêts à reconnaître le Sauveur que Dieu leur donne. La connaissance qu’ils avaient de la Sainte-Ecriture ne suffisait pas.

Il fallut cet échange de paroles, où le Seigneur Jésus, en chemin, selon une belle et suggestive expression, leur ouvrit le cœur à l’intelligence des Ecritures, pour qu’ils soient à même de le reconnaître. C’est un enjeu pour nous aussi.

La Sainte-Ecriture, avec la Tradition, ainsi que le rappelle justement le II° Concile du Vatican, nous conduisent et nous introduisent dans la connaissance de la Parole de Dieu, qui ne fait pas qu’enrichir nos connaissances, mais aussi illumine nos intelligences, enflamme nos cœurs, et par suite, porte et soutien notre volonté dans l’espérance. Nous risquons de ne lire et de ne comprendre qu’avec nos yeux et nos intelligences ces textes, si nous ne laissons pas notre cœur être ouvert à leur complète intelligence, si, par suite, comme les disciples d’Emmaüs, nous ne sommes pas prêts à partir à notre tour annoncer comment nous l’avons reconnu à la Fraction du Pain, et devenir disciples missionnaires. Cela doit nous conduire à nous demander comment nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu, dans nos célébrations, mais aussi dans la prière privée. Peut-être écoutons-nous parfois distraitement ; peut-être nous arrive-t-il aussi de nous dire que nous ne sommes pas en retard à la messe, si nous avons raté les lectures ; peut-être nous disons-nous, inconsciemment, « je connais déjà tout cela » ... Avons-nous jamais fait l’expérience de notre cœur tout brûlant en entendant la Parole de Dieu ? Il n’est pas trop tard !

Or, c’est ainsi que Notre Seigneur ressuscité continue à se faire reconnaître à nous, comme il le fit avec les disciples d’Emmaüs ; c’est par ce chemin, qu’il nous permet aussi de le reconnaître à la Fraction du Pain, de prendre conscience de la présence de Notre Seigneur par ce sacrement, et nous dispose à le recevoir par sa grâce, ici et maintenant.

Abbé Bruno Gerthoux, curé de Montfavet